La ventousothérapie, un art médical ancestral

Les premières traces de l’usage des ventouses ont été découvertes dans le papyrus d’Ebers, un traité médical datant de l’époque de l’Égypte ancienne, près de 16 siècles avant JC.

Celui-ci décrit les pathologies et les méthodes de soin pratiquées en ces temps. C’est ici notamment que sont décrites les premières méthodes d’applications de ventouses, mais aussi le traitement des fractures… Ce traité regroupe également une précieuse base de données de la pharmacopée égyptienne.

Le papyrus est aujourd’hui conservé dans la bibliothèque universitaire de Leipzig, en Allemagne.

La ventousothérapie fait partie intégrante des pratiques réalisées en médecine chinoise, même si celle-ci n’est pas systématique.

Houang-ti nei-king sou-wen (Les questions fondamentales du livre classique traitant de l'interne attribuées à l'Empereur Jaune) plus connu sous le nom de Nei king est le plus ancien traité médical connu regroupant toutes les connaissances autour de la médecine chinoise : anatomie, physiologie, hygiène, pathologies, thérapies (diététique, moxa, acupuncture, ventouses…). Il met en scène un

échange entre l’empereur jaune Houang-Ti et son ministre de la santé, Ki Po.

Les spécialistes de l’histoire de Chine ne sont pas aujourd’hui en mesure de fournir une date précise de l’existence de cet ouvrage. L’intitulé et les protagonistes mentionnés dans ce traité porteraient à croire qu’il ait vu le jour sous le règne de l’empereur jaune, entre 2697 et 2598 avant JC. Or, la syntaxe utilisée, la géographie, la philologie… situeraient plutôt sa parution sous la fin de la dynastie

des Tcheou ou le début de celle des Ts’in, entre le 4 ème siècle avant JC et le 3 ème siècle après JC.

Hippocrate et Gatien, à leurs époques respectives, faisaient régulièrement usage de la ventouse pour soigner diverses pathologies. Cette pratique n’était cependant pas la méthode de soin principale. En effet, la ventouse était appliquée uniquement en fonction des forces et de l’âge du malade et pour certaines pathologies, à l’appréciation du soignant.

Le corpus hippocratique fait état d’une pratique de la saignée humide mais aussi de la saignée sèche.

Illustration de la pratique de la ventouse à cette époque : une stèle funéraire représentant un célèbre médecin grec, Jason, en train d’examiner un patient, une grosse ventouse posée au sol. Cette stèle est aujourd’hui conservée au British Museum.

Appelée également Al Hijamah, le soin par ventouses est une pratique recommandée par Mohammed (PBSL), le prophète de l’Islam.

Au Moyen âge, 3 grands noms se distinguent dans la littérature médicale en publiant des ouvrages vantant les mérites des ventouses et expliquant leur usage.

Au 10 ème siècle, c’est le célèbre Avicenne qui, dans son ouvrage « Le canon de la médecine », fera mention des bienfaits de l’incisiothérapie.

Au 11 ème siècle, un autre médecin se distingue avec son encyclopédie médicale « La méthode en médecine » : Az Zahrâwî, appelé aussi AbulCasis.

Au 13 ème siècle, c’est le chirurgien Ibn Al Quf qui décrit la pratique de la hijama dans son traité sur la

chirurgie.

 Du moyen âge à la renaissance, la ventousothérapie a été énormément pratiquée, atteignant son apogée au 17 ème siècle. L’école de Salerne a donné la première impulsion à cette pratique au 12 ème siècle. La saignée était systématiquement appliquée pour toute pathologie.

Contrairement aux pratiques des médecins antiques, la saignée était réalisée du côté opposé de la maladie. Sous l’impulsion de Brissot, médecin renommé du 16 ème siècle, les médecins sont revenus à la pratique d’Hippocrate et de Galien qui consistait à réaliser la saignée au plus près de l’organe malade.

Ce n’est qu’au 19 ème siècle, au fur et à mesure des nouvelles découvertes autour de l’anatomie et de la physiologie que la saignée a commencé à perdre de sa superbe. Ajouté à cela, la pratique abusive qu’en faisaient les médecins de l’époque qui a certainement contribué à son déclin. En effet, bébés, personnes âgées, adultes en faible santé… quel que soit l’âge ou le passif du patient, la saignée

pouvait être pratiquée, plusieurs fois en quelques jours, allant jusqu’à retirer des litres de sang sur certains patients.

La médecine des ventouses voit un regain d’intérêt aussi bien dans la sphère médicale qu’esthétique.

En médecine allopathique, elle peut être utilisée pour quelques pathologies très précises.

Les médecines alternatives telles que la médecine chinoise ou la cupping thérapie utilisent les ventouses afin de soigner ou améliorer le bien-être physique, psychique et émotionnel des patients.

En effet, elle a été remise au goût du jour pour aider les sportifs à récupérer rapidement de leurs contractures. Les nageurs comme Nathalie Coughlin, Michel Phelps, ou le joueur de rugby Sonny Bill Williams sont friands de cette pratique qui a une action indéniable sur leur système musculaire mais aussi ligamentaire.

Aux États-unis, en Angleterre, en Allemagne… des cliniques mettant en avant la pratique thérapeutique des ventouses voient peu à peu le jour. En Suisse, les consultations peuvent même être prises en charge par certaines mutuelles.

Les ventouses rencontrent également un vif succès dans les traitements anti-rides ou minceur.

Qu’on l’appelle cupping therapy, ventousothérapie, thérapie par ventouses ou incisiothérapie, la pose des ventouses a toujours trouvé son public à travers les âges. Et les nouveaux résultats des différentes recherches réalisées autour de cette pratique conforteront certainement son usage dans la médecine aussi bien occidentale qu’orientale.